Lettre ouverte des Jeunes Socialistes publiée aujourd’hui sur Mediapart.fr

10 jours après l’entrée en vigueur d’une nouvelle constitution autoritaire en Hongrie, Thierry Marchal-Beck, Président des Jeunes Socilaistes, interpelle Benjamin Lancar, Président des Jeunes Populaires sur la nature des liens qui l’ unissent au parti conservateur au pouvoir dans le pays. Il interpelle M.Lancar au sujet de l’adhésion de son organisation au YEPP, mouvement européen des partis populaires de jeunesse présidé par Csaba Domotor, Président de l’organisation de jeunesse du parti hongrois au pouvoir.

Monsieur Lancar,

Depuis le 1er janvier 2012, une nouvelle constitution est entrée en vigueur en Hongrie. Au cœur de l’Union européenne, cet Etat-membre s’est lancé à corps perdu sur une dangereuse pente antidémocratique. Pourtant, depuis 10 jours maintenant, votre assourdissant silence ne peut que nous inquiéter, et nous souhaitons connaître votre position.

Nouvelle constitution et nouvelles pratiques du pouvoir caractérisent la Hongrie de Viktor Orban dans sa gestion de l’appareil d’Etat, des nominations, des médias et des libertés publiques, allant jusqu’à instiller un climat nationaliste inquiétant.

Avec ce nouvel acte constitutionnel, le premier ministre Viktor Orban a en effet mis en place un minutieux plan de verrouillage des appareils de pouvoirs de l’Etat, à commencer par les administrations et corps de l’Etat. Le mandat des titulaires de postes-clefs de l’Etat est passé à 9 ou 12 ans, soit plus qu’un seul mandat politique de premier ministre, s’apparentant à une véritable mainmise d’Orban sur l’administration.

La presse voit sa liberté réduite à peau de chagrin. Des regroupements de médias aux cœurs de consortium sont créés sous la direction de proches du premier ministre. La dernière radio indépendante du pays a finalement vu sa licence supprimée.

Les socialistes, membres du parti au pouvoir ces dernières années, sont aujourd’hui pénalisés par une nouvelle loi les rendant « responsables des crimes communistes » commis jusqu’en 1989 dans leur ensemble.

L’avortement se trouve sérieusement menacé, le mariage pour tous les couples interdit, les sans-abris pénalisés par des mesures législatives accompagnant la nouvelle constitution.

Au-delà ce ces lourds tributs payés par la population sur l’autel du conservatisme, c’est bien le nationalisme ambiant que redoutent aujourd’hui les démocrates européens.

Encore récemment, des nationalistes ont été nommés aux postes-clefs de l’Etat. Le Théâtre National de Budapest a vu un nouveau directeur nommé, connu pour ses affinités avec l’extrême droite. Face au tollé, il a finalement renoncé à nommer un leader du parti MIEP, antisémite et raciste, au poste d’administrateur de l’institution.

Relents xénophobes, idéologie nationaliste exaltée, Viktor Orban aspire à l’inclusion des citoyens des pays alentours dans la grande Hongrie nationaliste qu’il rêve, distribuant à volonté des passeports aux Européens hongrois d’origine.

Monsieur Lancar, votre mouvement est membre de l’YEPP, l’Union des Organisations Populaires Européennes de Jeunesse, dont le président n’est autre que le responsable des jeunes du parti hongrois au pouvoir. Vous siégiez ainsi aux côtés de Fidelitas, l’organisation de jeunesse du parti de Viktor Orban, lors du congrès de l’YEPP que vous accueilliez en décembre dernier à Marseille.

« C’eût été y prendre part que de ne pas s’y opposer ». La phrase de Molière dans la bouche de son Don Juan ne saurait mieux décrire une situation. Au delà du clivage gauche-droite, les valeurs d’humanisme, de respect des libertés, de séparation des pouvoirs, du refus de l’autoritarisme, de démocratie, sont parmi les rares points sur lesquels nous parvenons habituellement à nous entendre.

Aujourd’hui M. Lancar, votre organisation ne doit plus rester muette face aux dérives hongroises que vous semblez cautionner par votre silence.

Aussi, je vous demande aujourd’hui de nous éclairer sur les liens qui vous unissent à ce parti ultraconservateur hongrois qui laisse planer une nouvelle menace sur les démocraties européennes. Votre mouvement va-t-il se retirer du YEPP ou demander des sanctions en son sein contre Fidelitas ?

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur, de l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Thierry Marchal-Beck
Président des Jeunes Socialistes

 

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