Retrouvez la tribune commune de Thierry Marchal-Beck, Président du Mouvement des jeunes socialistes France, Wolfgang Moitzi Président des SJÖ (Jeunesses socialistes autrichiennes), Marcelino Torre Canto Secrétaire général des JSE (Jeunes socialistes espagnols) et Sascha Vogt Président des Jusos in des SPD (Jeunes socialistes allemands) publiée en France dans Libération aujourd’hui, en Allemagne, en Autriche et en Espagne.

Jeunes Socialistes d’Europe, nous avons toujours cru et croyons en l’idée d’une Europe qui garantit la paix et la prospérité à chaque être humain. De cette idée découlait la nécessité de construire des politiques économiques et monétaires communes comme piliers du projet européen.

Mais, dans le même temps, les politiques néolibérales de dérégulation et de privatisations conduisaient tout droit à la crise actuelle. Ne l’oublions pas, alors que dans un premier temps, on libéralisait les marchés financiers, les Etats étaient affaiblis par des baisses d’impôts sur les plus hauts revenus et patrimoines. Puis, en pleine crise financière, les Etats durent sauver les banques à coups de milliards d’euros. Aujourd’hui, ces mêmes Etats sont désignés comme les coupables de la crise, supposés payer leurs déficits par une rigueur à sens unique. Nous sommes convaincus que l’Europe ne doit pas être un projet néolibéral, et ce alors même que l’échelon européen a été utilisé dans la dernière décennie par les conservateurs et libéraux pour mieux imposer leurs idées néolibérales. Le Pacte Budgétaire pose la dernière pierre de cette politique. La coordination des politiques fiscales qu’il engendre fait fausse route.

Ce Pacte Budgétaire européen méconnaît en effet la plupart des causes de la crise et en aggrave les symptômes. Chacun d’entre nous a pu constater que le stratagème utilisé jusqu’à ce jour a échoué politiquement et économiquement dans les Etats en crise. Le chômage des jeunes est colossal, et constitue à lui seul un indicateur d’impuissance politique. Il ne rime pour des millions de jeunes gens qu’avec un manque criant de perspectives d’avenir. Le Pacte Budgétaire ne pourra être modifié et prive ainsi les générations futures de toute marge de manoeuvre. C’est ainsi que l’austérité se traduit pour de nombreux pays par les mots de récession, de chômage de masse et d’érosion de la démocratie.

Jeunes socialistes européens, nous voulons une autre Europe, une Europe qui sera dessinée selon nos valeurs de solidarité, d’égalité, de justice. Une Europe qui garantit la prospérité pour tous et non pour quelques uns. Une Europe au sein de laquelle la démocratie ne restera pas un vain mot. C’est pourquoi nous exhortons nos partis-mères à ne pas ratifier le traité dans sa forme actuelle. Une coordination effective des politiques fiscales signifie plus que l’application de règles d’endettement rigides. Ce dont nous avons besoin maintenant repose sur ces deux éléments :

  • 1. Une stratégie de création d’emplois en Europe : nous pouvons et devons vaincre le chômage de masse, pas uniquement, mais particulièrement pour les jeunes. Nous avons également besoin d’un élan de croissance soutenable, notamment encouragé par des programmes européens d’investissements en faveur de la transition énergétique. Ceci permettra de réduire notre consommation d’énergies fossiles, de développer les énergies renouvelables, de garantir l’indépendance énergétique de l’Union Européenne et de créer des millions d’emplois en moins de 5 ans. La Banque Centrale Européenne devrait financer directement ces investissements. Enfin, les Etats doivent harmoniser vers le haut leurs dépenses d’investissements, notamment pour pouvoir investir dans l’éducation ou la protection sociale. C’est en faisant ces choix que nous n’allumerons pas qu’un feu de paille court-termiste.
  • 2. Un accord contraignant sur un renforcement, partout en Europe, des recettes publiques par le biais, par exemple, de l’instauration au niveau européen d’une taxe sur les transactions financières, d’un impôt minimum sur les sociétés et les hauts patrimoines, assurant ainsi les capacités financières pour agir en Europe. Une nouvelle politique monétaire doit être définie, avec pour objectif d’encourager l’emploi, de permettre un contrôle plus strict tant des banques privées que des créations monétaires excessives en leur faveur. De même il devra être possible pour la BCE de prêter directement aux Etats : nous ne pouvons accepter plus longtemps que le secteur privé fasse d’énormes profits sur le dos des peuples européens!

Cette alternative, nous l’appelons de nos voeux, non pas pour nous soustraire à notre responsabilité envers l’Europe, mais bel et bien pour nous y soumettre. Nous nous situons à la croisée des chemins. Est-ce que l’Europe sociale-démocrate entend suivre le chemin des néolibéraux, des forces conservatrices et libérales ? Est-ce que l’Europe entend ainsi affaiblir des politiques sociales et démocratiques futures ? Ou bien est-ce que l’Europe accepte de se libérer des contraintes pour construire une autre Europe, une Europe de l’égalité ? Nous sommes convaincus qu’une autre Europe, sociale et égalitaire pour tous les êtres humains est possible. Osons en poser la première pierre dès aujourd’hui !

Signataires :
Thierry Marchal-Beck, président du Mouvement des Jeunes Socialistes France
Wolfgang Moitzi, président des SJÖ, Jeunesses Socialistes Autrichiennes
Marcelino Torre Canto, secrétaire général des JSE, Jeunes Socialistes Espagnols
Sacha Vogt, président des Jusos in des SPD, Jeunes Socialistes allemands

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