Mouvement coquelicot contre pesticide

« Nous commencerons peut-être à 50 mais nous finirons à 500 000 ». Pour Fabrice Nicolino, l’engagement pour la planète n’admet plus de recul possible. Selon ce miraculé de l’attaque djihadiste à Charlie-Hebdo, il est impératif que l’on interdise dans toute la France les pesticides de synthèse. Le journaliste dessinateur lance alors un mouvement destiné à devenir un grand soulèvement pacifique pour une agriculture plus saine et plus soutenable. C’est le « mouvement des coquelicots ». Penchons-nous ensemble sur cette lutte des coquelicots, pour en découvrir la genèse, les voies d’expression mais aussi les principaux défis que l’on rencontrera sur ce chemin qui nous sépare de 2020 année où la pétition lancée sur Internet pour atteindre les cinq millions de signature.

 Fabrice Nicolino, celui qui voulait des coquelicots

Derrière le choix du nom de mouvement des coquelicots, se cache déjà la volonté de dénoncer l’effet des pesticides de synthèse sur l’écosystème qui nous entoure. Les coquelicots, autrefois omniprésents dans les champs, en ont disparu depuis l’invasion des pesticides.

L’engagement personnel de Fabrice Nicolino se comprend plus facilement quand on sait qu’il a été par deux fois survivant à deux attentats. Tout le monde se souvient qu’il a survécu aux trois balles qu’il a reçues au cours de l’attaque terroriste de 2015 à Charlie Hebdo. Peu de gens se souviennent qu’il fait partie des victimes de l’attentat de 1985 à Paris au cours du festival du film juif. Pour lui donc, il s’agit désormais de consacrer sa vie de double miraculé à se battre pour « ce qui compte vraiment ».

Et dans ce combat, tout l’organe de presse Charlie Hebdo est engagé. Pour Fabrice, « C’était l’occasion de sortir le journal du ghetto morbide et d’en refaire un lieu de lutte pour la vie » : Charlie Hebdo publiera dans un numéro spécial les résultats de l’analyse d’un échantillon de cheveux fournis par une quinzaine de ses journalistes. En attendant que les conclusions définitives du laboratoire soient disponibles, on sait déjà que ledit échantillon de cheveux porte entre 34 et 50 substances toxiques dont le lindane, (un insecticide prohibé en France depuis 1998), mais aussi du DDT (un autre pesticide dangereux dont l’usage est déjà interdit depuis 1972) et des bisphénols.

Ça va si mal, la planète ?

S’il faut croire les dernières études menées sur la question, un oiseau sur trois a disparu des champs au cours des trente dernières années. Pour les insectes volants, 80% d’entre eux ont disparu. Pour les médecins, la montée du nombre de personnes vivant avec le Parkinson ou l’asthme est lié à l’omniprésence des pesticides dans nos aliments et dans notre environnement. Les impacts tragiques du glyphosate sont déjà suffisamment établis.

Pour le journaliste de l’hebdomadaire satirique, « la situation était devenue trop grave pour qu’on se contente de pseudo-discours ». Et pour passer du discours à l’action concrète, Fabrice se joint à François Vieillerette, le directeur de l’ONG Générations futures pour publier un livre manifeste, Nous voulons des coquelicots. Dans cet ouvrage de 120 pages, les auteurs reviennent sur les méfaits de ces pesticides qui « ont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant…une tragédie pour la santé. Ils provoquent des cancers, des maladies de Parkinson, des troubles moteurs ou cérébraux chez les enfants, des infertilités, des malformations à la naissance. »

Un mouvement qui a du succès

En moins de deux semaines, le mouvement a déjà réuni plus de deux cent mille signatures sur le site nousvoulonsdescoquelicots.org. Il semble évident que l’objectif des cinq millions de signatures sera atteint dans le délai des deux ans fixé par les organisateurs.

Le mouvement connaît notamment l’adhésion de personnalités venues d’horizons divers, comme un évêque catholique (Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes) et la Chanteuse Emily Loizeau.

Au-delà de l’enthousiasme et de l’engagement, un long chemin pour 2020

La fougue de François Vieillerette et de Fabrice Nicolino ne fera pas perdre de vue que l’industrie des pesticides, comme celle des armes à feu, est porté par de grands lobbies qui n’entendent pas fléchir. Le mouvement devra donc s’enraciner contre ces géants pour parvenir à ses fins. Il faut vraiment espérer la mobilisation massive pour faire céder les gouvernants eux-mêmes tenus en laisse pas les lobbies. Pour les signataires de l’appel des coquelicots, la chose reste possible. Le 5 avril prochain, ils se réuniront devant les mairies pour maintenir le contact et enseigner par la pratique que l’on peut déguster du vin bio naturel. Vivement les coquelicots!

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