De sauvageons en accros de la télé réalité, de jeunes drogués en privilégiés abstentionnistes, la jeunesse est de plus en plus stigmatisée en ce qu’elle représente. Un fossé générationnel semble se creuser au sein de la population. Les jeunes sont l’objet d’un malentendu parce que mal entendus et mal compris par la société qui n’arrive pas à les intégrer. Et pourtant notre génération est sans doute celle qui a payé le plus lourd tribut à la crise. C’est une génération qui a perdu les repères dont disposaient ses parents. Les familles se recomposent, le nombre d’employés dépasse celui des ouvriers, traduisant une modification profonde du monde du travail. La mondialisation culturelle brouille les repères. C’est une génération qui a subi lourdement les effets du chômage de masse, voyant les protections mises en place après la guerre fragilisée.

De plus un risque existe de voir un conflit de générations se reformer. Les jeunes devenus minoritaires peuvent voir leurs préoccupations reléguées au deuxième rang des préoccupations politiques. Ce fossé générationnel traverse l’ensemble de la société : le politique et le syndical ont fermé la porte de leur renouvellement, les entreprises privées ne proposent que des solutions au rabais qui renvoient les jeunes vers la précarité… Une société qui oublie de prendre en compte l’une de ses composantes l’enferme dans une logique individualiste, lui apprenant à ne compter que sur elle même.

Certains l’ont d’ailleurs compris, ne voyant dans les jeunes qu’un concept commercial, une cible à atteindre. Le modèle de réussite est alors le modèle proposé par le libéralisme et la société de marché. La droite au gouvernement depuis le 21 avril 2002 nous propose un modèle de société construit sur cette base. Elle organise le repli sécuritaire, désignant les plus fragiles comme des délinquants. Elle propose les contrats jeunes qui inversent la file d’attente à l’ANPE en faveur de jeunes qui ne pourront jamais acquérir la formation nécessaire à leur avenir. Elle attaque le dispositif emplois-jeunes, qui en répondant à des besoins en services non marchands participent au tissage du lien social. Elle brade l’Education Nationale et remet en cause ses missions républicaines indispensables à la formation des citoyens. Elle baisse les impôts des catégories les plus favorisées sans augmenter le pouvoir d’achat des précarisés. Elle rompt avec la logique de réduction du temps de travail et de la société du temps libéré au profit d’une soumission sans limite au libéralisme. Cette droite, c’est celle de l’individualisme, du repli sur soi, de la loi du plus fort. Cette société est au final celle de la violence, violence physique, mais surtout violence économique et sociale. C’est le seul modèle de développement que propose la mondialisation dans lequel la droite s’engouffre.

A l’inverse, l’idéal socialiste est que chacun puisse être libre, acteur de sa vie professionnelle, affective et sociale. Dans cet esprit nos orientations se déclinent autour de l’épanouissement de l’individu au sein d’une collectivité dans laquelle chacun a sa place dans le respect de l’autre et où l’égalité soit une réalité.

Le droit à l’avenir

A l’heure où la modernité signifie parfois le chacun pour soi et le sauve qui peut, l’apprentissage de la citoyenneté, l’émancipation des individus et la construction de la personne passent désormais par la formation. L’Ecole doit rester une priorité pour l’Etat, un service public accessible à chacun et de qualité. Cette école que nous voulons doit reposer sur le principe de laïcité afin de permettre aux enfants de se construire sur des principes universels pour avoir ensuite les moyens d’affirmer au sein de la société son opinion, de mieux comprendre et déchiffrer cette société pour s’y intégrer.

Le combat de l’Egalité

Notre mouvement combat ainsi toutes les discriminations. Malgré des progrès récents dans le domaine politique avec la parité, l’Egalité entre les hommes et les femmes est loin d’être une réalité. Elles sont toujours désavantagées tant dans leur vie professionnelle que dans la sphère privée. Comment se satisfaire de la condition des jeunes femmes dans les cités ? Cette violence sociale n’est pas pratique courante qu’envers les femmes. Nombre de jeunes sont victimes de discriminations scandaleuses en raison de leur couleur de peau, de leur orientation sexuelle… Vivre ensemble, c’est respecter l’identité de chacun.

Vivre ensemble

Restaurer l’égalité devant les services publics, mettre en œuvre une réelle politique de développement local, désenclaver les cités, mener des politiques de logement ambitieuses, assurer la qualité de l’environnement sont les conditions nécessaires pour rendre aux citoyens le plein exercice de leurs droits dans les ghettos comme dans les zones rurales, pour mettre fin au sentiment d’insécurité. En effet, nous sommes convaincus que la question sociale est la clé de ce vivre ensemble.

De nouvelles conquêtes sociales

Les inégalités sont en lien avec le travail : entre ceux qui travaillent et ceux qui en sont exclus, les mieux formés et les précaires, ceux qui possèdent l‘outil de travail et les salariés. Le travail est encore une valeur structurante de notre société. Source d’épanouissement, de reconnaissance pour certains, d’asservissement pour les autres. Violences au travail, CDD, temps partiel non choisi, nouvelles flexibilités et menace sur les systèmes collectifs de protection sociale : la précarité gagne chaque jour un peu plus de terrain. Face à cette offensive libérale, les réponses ne peuvent être individuelles. Le sort de chacun est indissociable du sort commun.

Les mesures prises par le gouvernement Jospin ont permis des avancées majeures : mise en place des 35h, licenciements rendus plus difficiles, lutte contre le harcèlement, couverture maladie universelle… Mais le retour de la droite au pouvoir et le plan de régression sociale qu’elle organise depuis le 21 avril 2002 viennent renforcer nos inquiétudes.

Refuser un monde sans droits

Enfants de l’Europe mais aussi de la mondialisation, nous sommes convaincus que nos orientations ne peuvent s’inscrire qu’à l’échelle européenne et internationale. La mondialisation libérale des échanges, censée accroître la prospérité mondiale, ne fait qu’accentuer les inégalités au sein des pays riches et plus encore entre les pays. Il est nécessaire de donner les moyens aux institutions internationales de réguler les échanges et de garantir la paix. Sur notre continent, la spirale vertueuse de la construction européenne doit aussi être restaurée, spirale où les avancées concrètes donnent la priorité au politique et au social et participent à la création d’un sentiment d’appartenance, d’une citoyenneté active.

La perspective de cinq années de droite au pouvoir ne suffit pas à nous abattre. Les résultats des élections de 2002 nous ont déçus. Pourtant, nous, jeunes socialistes, refusons de croire que les jeunes sont dépolitisés. Ils expriment majoritairement leur engagement dans des actions concrètes et témoignent d’une réelle demande de politique au sens propre du terme, celui d’action pour la vie de la cité. Les manifestations contre l’extrême droite entre les deux tours des dernières présidentielles en ont été une illustration majeure. La faible traduction dans les urnes de ces mobilisations lors des législatives 2002 marquées par une très forte abstention nous montre le fossé existant et persistant entre une partie de la population, notamment les plus jeunes, et les partis politiques traditionnels. La confiance est aujourd’hui entamée. A nous de la restaurer. L’arrivée en nombre de nouveaux militants désireux de s’investir et notre capacité à réagir nous donnent de grands espoirs.

Loin de porter de simples aspirations catégorielles et ponctuelles, nous pensons que ces actions ont au contraire en germe un destin collectif et doivent trouver une traduction politique. Ces mobilisations incarnent l’espoir, encore faut-il les considérer. Nous sommes conscients que cette mobilisation est une force sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour affirmer notre refus des politiques libérales de la droite. Mais c’est aussi un levier de notre lutte contre l’extrême droite. La présence du leader du Front National au deuxième tour des élections présidentielles est la traduction du faible impact des actions que les collectifs de lutte contre l’extrême droite ont mené jusqu’à présent. Ce sont ainsi de nouveaux modes d’action qu’il nous revient de rechercher et d’expérimenter contre l’extrême droite.

Au delà de cette contestation, nous restons une vraie force de proposition, participant d’une manière plus générale aux réflexions de la Gauche. Même dans l’opposition, le socialisme doit donner un sens au progrès, construire un projet d’avenir porteur d’égalité et de nouveaux droits face aux assauts du capitalisme. La jeunesse est à même d’incarner un tel espoir dans sa quête d’un avenir meilleur. C’est à nous de proposer un projet politique dans lequel la jeunesse se reconnaîtra, non pas parce qu’elle est la seule catégorie de la population qui soit victime de l’injustice – ce n’est pas le cas – ni parce que nous pensons que l’avenir électoral des socialistes dépend en bonne partie de ses suffrages. Seul un projet qui prend en compte les aspirations des jeunes est un véritable projet d’avenir. La jeunesse est à même d’incarner un tel espoir dans sa quête d’un avenir meilleur.