Le scandale du Médiator, ce médicament vendu comme un antidiabétique mais qui est en fait un « coupe-faim » avec des effets secondaires graves sur les valves cardiaques, dévoile bien d’autres abus de l’industrie pharmaceutique sur les médicaments. En effet, les dangers du Médiator étaient connus par le laboratoire qui le commercialisait, mais ce médicament trop rentable n’a été interdit que 10 ans après les premiers alertes. Le marketing pharmaceutique est en cause dans cette affaire, mais les autorités sanitaires dont l’Afssaps, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, n’ont pas joué leur rôle d’expertise et de contrôle dans la mise sur la marché et le remboursement de ce médicament par l’Assurance Maladie. L’Afssaps n’est pas exempte de conflit d’intérêts en son sein, l’exemple du Médiatorle montre bien. Les conflits d’intérêts des membres des autorités sanitaires, l’absence d’une expertise indépendante sont à l’origine de la mise en danger des patients. Cette collusion entre les laboratoires, les autorités de santé publique et le pouvoir politique est inacceptable.
Le rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales, IGAS, publié en ce mois de janvier 2011 fait l’autopsie de ce scandale, une question se pose alors : malgré toutes les alertes et les doutes observés très tôt, pourquoi ce médicament n’a pas été interdit … il y a 10 ans ?

Le lobby pharmaceutique joue un rôle inacceptable dans le système de sécurité sociale, le Médiator révèle un système sclérosé par les conflits d’intérêt. D’autres médicaments sont concernés, on peut citer le Champix, médicament vendu comme aide dans l’arrêt du tabac, dénoncé depuis sa mise sur le marché en raison de très graves effets secondaires (dépression, suicides) et encore vendu aujourd’hui notamment comme « coupe-faim » à l’instar du Médiator !

Nos propositions pour en finir avec ces conflits d’intérêt mortels

Le MJS lors de sa Convention Perspectives 2012 sur la Prévention, la Santé et l’action Sociale a présenté ses propositions pour en finir avec les rapports opaques entre l’industrie pharmaceutique et les autorités de santé publique.

Une réforme de l’Afssaps est nécessaire concernant l’évaluation des risques et des bénéfices, ainsi que l’indépendance des membres de l’Afssaps : nous proposons d’instaurer un véritable contrôle démocratique des institutions sanitaires, aucun conflit d’intérêt ne doit être possible entre les membres de l’Afssaps et les laboratoires. Pour cela il est nécessaire d’assurer un financement 100% public de la Haute autorité de Santé (HAS), de l’Afssaps, et de l’EMA (European Medical Agency) en augmentant sensiblement leurs dotations afin qu’elles puissent embaucher des experts qui devront être libérés de tout intérêt commercial. Il doit être interdit à leur personnel de pouvoir travailler de façon directe ou indirecte pour les laboratoires pharmaceutiques dans les trois années qui suivent la sortie de ces agences. Enfin, la HAS et l’Afssaps doivent répondre de leurs activités devant le Parlement, elles devront intégrer en leur sein des associations de patients indépendantes et entendre l’expertise citoyenne.

Pour éviter que les laboratoires influencent la prescription, nous prônons une formation continue des médecins publique et indépendante, ainsi que l’interdiction des visiteurs médicaux des laboratoires.
Il faut d’urgence investir dans la recherche publique en pharmacie pour ne pas laisser le monopole aux laboratoires privés. Par ailleurs, pour éviter les confusions et le marketing abusif nous voulons imposer que les ordonnances soient éditées avec la nomenclature internationale des noms des molécules. L’Afssaps doit empêcher la mise sur le marché des médicaments inutiles, n’apportant pas d’amélioration et qui retardent la production de génériques. La communication des chiffres de vente des pharmacies aux laboratoires pharmaceutiques doit être interdite.

Afin que de tels scandales ne se reproduisent plus, la liste des médicaments surveillés par l’Afssaps, car potentiellement dangereux, doit être rendue publique. Les responsables de ces scandales sanitaires doivent êtres jugés, les victimes doivent être indemnisées par les coupables et pas uniquement par la Sécurité sociale. En ce sens il faut permettre une “action de groupe” aux victimes de comportements fautifs, illégaux ou contraires aux contrats, conclus notamment par les sociétés pharmaceutiques, afin d’obtenir la juste réparation du préjudice subi.

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