Les Elections législatives allemandes d’hier sont à la fois un coup de semonce et une lueur d’espoir.
Un coup de semonce d’abord, parce que 41,5 % des suffrages, pour la Chancelière sortante c’est exorbitant. La cure d’austérité infligée aux européens, le dumping social dont fait preuve l’Allemagne, en maintenant sous pression ses salaires et misant tout sur l’export ou encore l’absence de politiques de solidarité en Europe sont autant de raisons de s’en détourner. Le refus d’un salaire minimum légal, d’une progressivité de l’impôt ou du mariage pour tous dans son propre pays doivent là aussi ancrer notre opposition à une politique conservatrice, dont nous n’avons rien à envier.
Une inquiétude est aussi à noter, à voir la montée d’un parti profondément eurosceptique et antieuro, l’AfD, qui manque de quelques poignées de voix son entrée au Parlement. Ce sont là les conséquences d’un discours sur l’Europe, assumé par la chancelière, qui se drape faussement de vertu et laisse croire que les fonds de soutien aux pays en difficulté seraient pure charité.
Mais en dépit de tout cela, cette élection sera aussi un tournant.
Déjà parce qu’elle signifie la fin des Libéraux au Bundestag, eux qui n’ont pas cessé d’y être depuis plus de 50 ans. C’est le rejet d’une option, qui depuis plusieurs années n’avait pour seule visée politique que la baisse continue des impôts et donc la casse des services publics.
C’est aussi une majorité pour la gauche : sur les 4 partis présents au parlement, 3 sont de gauche. Le SPD, les Verts et die Linke obtiennent à eux trois davantage de sièges que les conservateurs.
Nous nous joignons intégralement à nos camarades des JUSOS, qui après une campagne acharnée pour une alternative en Allemagne et en Europe, rappellent la possibilité d’une union de la gauche. Nous sommes avec eux pour dire que la possibilité d’une telle union doit rester ouverte !
C’est aussi leur analyse du vote que nous partageons : le score relativement faible de la SPD, 25,7% doit nous rappeler qu’un programme de transformation sociale restera trop peu crédible, si dans le même temps cette attitude ne se constate tout au long de la mandature. Trop souvent le SPD a refusé de porter une opposition résolue à la majorité d’Angela Merkel, que ce soit en matière d’Europe ou sur sa politique salariale. Il n’est pas trop tard pour porter cette alternative, soit dans une majorité de gauche, soit dans l’opposition.
Par leur vote, les électeurs allemands ont réclamé de la clarté dans le jeu politique allemand. Il est de la responsabilité de la gauche de porter avec conviction la transformation sociale qu’elle ambitionne.
Que cela soit par la constitution d’une majorité, aujourd’hui encore peu probable, ou dans la construction d’une opposition résolue et unitaire, la réussite de la Gauche allemande – et sans doute partout en Europe- ne se fera pas sans son unité. C’est en cela que nous réaffirmons que rose-rouge-vert, c’est majoritaire.