guillaume pepy et alain vidalies

Monsieur le ministre, cher Alain,

Depuis des décennies, les combats de la gauche contre les discriminations et pour l’égalité ont marqué notre histoire et déterminé l’engagement à nos côtés de millions de Français.es. La gauche pour nous, et pour toi nous le savons, c’est l’antiracisme, l’égalité de tous, quelque soit son origine, son orientation sexuelle, ses croyances, son genre.

Le Président de la République l’avait lui même rappelé lors du discours du Bourget, «l’âme de la France, c’est l’égalité», inscrivant sa candidature comme l’espoir pour des millions de femmes et d’hommes que le temps des stigmatisations, des amalgames et des discriminations allait se terminer avec son élection.

La gauche au pouvoir a agi pour l’égalité depuis 2012, avec le mariage ouvert aux couples de même sexe, avec les nouveaux rythmes scolaires et la réforme du collège ou encore en généralisant le tiers-payant. Mais trop de renoncements et trop peu d’actes pour lutter contre les discriminations nous ont déjà coûté d’innombrables soutiens dans les quartiers populaires, pourtant si fervents à soutenir notre candidat le 6 mai.

L’engagement 30 de François Hollande promettait la mise en place d’un dispositif pour lutter contre le «délit de faciès» dans les contrôles d’identité. Mais si quelques avancées existent, le compte n’y est pas et beaucoup trop d’individus sont aujourd’hui victimes de contrôles au faciès.

C’est pourquoi les Jeunes Socialistes ont été déconcertés de t’entendre approuver à la radio les pratiques discriminatoires dans les fouilles aléatoires, au nom de l’efficacité dans la lutte contre le terrorisme.

Ces propos regrettables marquent, selon nous, une transgression grave vis-à-vis des valeurs de la gauche et légitiment un discours qui n’est pas le notre. Ils sont également sans rapport avec la réalité, car le terrorisme n’est pas lié à une origine réelle ou supposée.

Nous connaissons les risques et les peurs qui traversent la société française depuis les terribles attentats de janvier. Nous soutenons le gouvernement dans sa volonté de protéger les Français. Nous sommes conscients que la tâche de la police est immense, et nous croyons que si des contrôles sont parfois nécessaires, la recherche de l’efficacité dans la lutte contre le terrorisme doit conduire ses efforts d’abord vers l’investigation. En témoigne le fait que les personnes agissant de la sorte sont systématiquement des personnes préalablement identifiées par la police, et qui n’auraient donc pas été arrêtés par un contrôle aléatoire mais ciblé.

Mais au delà des considérations d’efficacité qui motivent l’action du gouvernement, souvenons nous que la plus belle des réponses aux attentats de janvier furent ces millions de citoyens qui ont marché partout en France pour dire leur attachement aux valeurs de la République qui étaient visées, et leur refus des amalgames et de l’angoisse permanente.

Parce que ce que veulent précisément les terroristes c’est d’instiguer la peur et la défiance entre nos concitoyens, nous pensons qu’il faut, à l’inverse, affirmer haut et fort notre attachement à l’égalité de tous les citoyens. Cela implique de lutter contre les discriminations avec encore plus de force que nous le faisons depuis le début du quinquennat. Les contrôles au faciès sont une triste réalité pour des milliers de nos concitoyens qui attendent de la gauche qu’elle y mette fin, alors que l’Etat a récemment été condamné à ce sujet.

Malgré les difficultés, notre force sera justement de ne pas renoncer à protéger les valeurs de la République, et de jamais légitimer leur remise en cause par l’appel à l’ordre et à la sécurité. Ce serait céder à ceux qui commettent ces crimes odieux. Contrôler, protéger, peut et doit se faire sans discriminer. C’est là la condition de l’efficacité et de la justice.

Convaincus que tu partages ces idées, nous espérons sincèrement que notre message sera entendu, et t’envoyons toute notre amitié.

Les Jeunes Socialistes

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