séance plenière OIF

L’assassinat d’un journaliste d’opposition dans les locaux même du Consulat d’Arabie Saoudite d’Istanbul vient rappeler au monde la nature réelle du régime de Riyad. Un régime autoritaire et sanguinaire, qui musèle la liberté d’expression et les droits humains,… mais qui voudrait rejoindre l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Une situation qui pose problème aux diplomates de l’institution.

 

Voilà plus de deux ans que l’Arabie Saoudite tente de rejoindre l’OIF comme observateur. Le fait que le français soit une langue marginale dans le pays ne pose pas problème à la francophonie, qui a déjà accordé le statut d’observateur au Mexique, à la Lettonie, ou à la Corée du Sud, entre autre pays peu « francophones ». Pourtant en ce qui concerne l’Arabie Saoudite, on assiste à un véritable blocage. A juste titre.

La candidature saoudienne a déjà été retoquée en 2016, le Conseil ministériel de la francophone jugeant le dossier « incomplet ». Une formulation diplomatique qui traduisait le rejet suscité par l’adhésion de l’Arabie Saoudite auprès de la majorité des Etats-Membres. Pourquoi ? Car la francophonie, outre la promotion de la langue française, est avant tout fondée sur le partage et la transmission d’un certain nombre de valeurs fondamentales et universelles. Sans surprise, c’est là que le bât du dossier saoudien blesse.

On connait la place réservée aux femmes dans la société saoudienne. On a également assisté ces derniers mois à des rafles politiques massives, suivies d’emprisonnements, liées à la volonté du prince héritier de resserrer son emprise sur le pays. Depuis quelques jours, le monde découvre avec stupéfaction qu’en 2018, dans des locaux consulaires basés dans un pays étranger, on peut assassiner un opposant. Le tableau des violations des droits de l’Homme par le régime saoudien serait trop long à faire dans le détail.

Ce qui est sûr, c’est que la dimension généralisée de ces violations, et le sentiment d’impunité totale que semblent en avoir leurs auteurs, ulcèrent au plus haut point dans les rangs de la francophonie. Quel exemple cela donnerait à l’ensemble des pays-membres, à qui l’on sérine depuis vingt ans, qu’ils doivent œuvrer pour l’amélioration de la situation des droits de l’Homme et de la démocratie dans leur pays, si l’Arabie Saoudite, championne toute catégorie des exactions contre ces-mêmes droits de l’Homme, était accueillie au sein de l’OIF ?

La Francophonie perdrait plus que son âme en intégrant l’Arabie Saoudite, elle perdrait sa crédibilité. C’est la raison pour laquelle, malgré les pressions intenses (et sans doute des promesses de financement), on ne peut qu’espérer qu’une fois encore les diplomates de l’OIF retoqueront poliment le dossier saoudien : « incomplet »… jusqu’à un changement de régime ?

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