Interdire tous les stages qui ne sont pas nécessaire à l’obtention d’un diplôme pour mettre fin au travail gratuit de près d’un million d’étudiants.
Le stage est devenu, en une décennie, le symbole de la précarité qui frappe les jeunes et de l’absence de confiance de la société en sa jeunesse. Ce sont ainsi des dizaines de milliers de jeunes qui sont condamnés à accepter ce statut précaire, véritable sas de prê-emploi. En jouant sur la peur du chômage, la droite a laissé faire un moins-disant social avec les stages.
Les stages en entreprise ou dans l’administration sont des pratiques anciennes dans les formations professionnelles, ainsi que dans le milieu des ingénieurs. Depuis quelques années, il est nécessaire de faire des stages dans toutes les branches pour obtenir un emploi à la sortie du cursus universitaire. Dans certaines « grandes écoles » et dans un nombre croissant d’universités, les stages deviennent obligatoires sur de longues périodes, et il est fortement encouragé de faire des stages chaque été. L’expérience en stage devient un prérequis indispensable à toute candidature à un emploi, une fois son diplôme obtenu. De ce fait, les entreprises exigent que les jeunes diplômés soient d’ores et déjà formés au milieu professionnel alors qu’il y a moins de dix ans, c’étaient elles qui devaient, de facto, assumer ce temps de formation lors de l’embauche.
La généralisation des stages renforce les inégalités, celles que subissent tous les jeunes qui aujourd’hui doivent passer par de multiples sas avant une embauche en CDI. Cela cache souvent du travail déguisé. En étant payé à 30% du SMIC, le stagiaire devient le sous-salarié dans le privé mais aussi dans le public, pour compenser la suppression des fonctionnaires.
De plus, les stages constituent une mise en concurrence des jeunes entre eux : les stagiaires qui dans la même entreprise se battent au détriment de leur intérêt collectif pour obtenir un improbable CDI ; ou encore les étudiants qui ne peuvent se permettre de faire des stages rémunérés à 30% car ils travaillent déjà et n’auront pas « l’expérience » nécessaire pour obtenir un emploi, qu’ils sont légitimement en droit de prétendre au regard de leur qualification.
En principe, un stage est une période d’insertion professionnelle encadrée par un formateur, en lien avec un cursus.
Nous voulons redonner au stage sa réelle valeur pédagogique. Nous ne pensons pas qu’un stage se borne à une simple convention. Un stage doit être encadré et nous voulons faire d’ »un an » la durée maximum de stages cumulés dans un cursus. Pour cela nous préconisons l’adoption d’un nouveau décret qui encadre strictement ce que sont les stages et les règles que les entreprises devront respecter :
– Interdiction des stages de plus de six mois.
– Limiter la durée totale des stages à 6 mois pour la licence et à 6 mois pour le master (soit une durée totale de stage inférieure à 12 mois pour 5 ans d’études)
– Rémunération à 50 % du SMIC dès le premier mois, augmentant en fonction de la durée de stage et de la qualification.
– Versement de l’indemnisation dès le premier mois.
– Indemnisation obligatoire des stages en lycée des métiers (du Bac pro à la licence des métiers) dès que le stagiaire dispose d’ors et déjà une qualification (Bep, Cap, Bac pro..)
– Interdiction des stages obligatoires pour lycées de métiers au mois d’août.
– Limiter les stages à 10 % de la main d’œuvre d’une entreprise ou 10% d’un service dans une administration.
– Rendre obligatoire l’obtention de crédits ECTS pour chaque convention de stage afin d’interdire tout stage facultatif et interdire le stage de fin de cursus qui n’est qu’un pré-emploi.
– Garantir les mêmes droits qu’un CDD notamment concernant les vacances, les RTT et la rupture de convention.
– Intégrer les stages dans le code du travail et étendre les missions de contrôles des inspecteurs du travail sur cette question.
Ce nouveau décret permettra, de fait, la requalification d’une partie des stages en emplois réels, une meilleure insertion professionnelle grâce à des stages plus utiles aux étudiants et la fin d’une zone de non-droit qui précarise de nombreux jeunes.
Le coût associé à une telle mesure est faible, ne consistant qu’au renforcement de l’inspection du travail pour contrôler l’application des critères. Le basculement des faux stages en création d’emplois et les cotisations qu’il générera compensera largement le financement de cette mesure.