L’Islam Ahmadiyya est interdit et menacé de mort au Pakistan, pour avoir reconnu son fondateur, Mirza Ghulam Ahmad, comme messie et prophète en 1889. Les Ahmadis sont déclarés « non-musulmans » en 1974 par le Pakistan, et ils se voient interdits de parler d’Islam en 1984 sous peine de mort. Pourtant, rien dans leur pratique ne peut les différencier d’autres musulmans, il s’agit simplement d’une question d’interprétation, et, de l’avis des Ahmadis, d’une question politique, puisqu’ils devenaient de plus en plus populaires dans les années 1970. Bon nombre d’Ahmadis ont donc émigré, principalement en Europe.
Concrètement, les prêches se font en ourdou, flamand et français, pour que tous les fidèles aient accès à cette parole. L’imam m’explique sans tabou que le seul djihad valable aujourd’hui concerne le djihad intérieur, un combat interne contre ses mauvais penchants, puisque le Djihad guerrier n’est légitime que lorsqu’un pays empêche les musulmans de pratiquer leur foi, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les communautés Ahmadiyya ne bénéficient en outre de subvention dans aucun pays du monde, pour pouvoir demeurer indépendants. Elles prônent en outre la laïcité politique, et affirment que l’Islam ne peut pleinement s’épanouir que dans un pays laïc, même si elles déplorent une certaine perte des valeurs morales et politiques liée à ce système. L’imam invite aussi les autorités à assister aux prières pour témoigner de leur modération, mesure et profondeur.
Cette communauté témoigne donc d’un élan musulman pour s’interroger sur tous les sujets sensibles, sans compromis et sans tabou. Cette réflexion est d’autant plus importante qu’en Belgique comme en France, la voix de ces intellectuels musulmans est attendue pour discréditer théologiquement le fanatisme terroriste.