Texte adopté à l’unanimité par le Mouvement des Jeunes Socialistes
6 000 000 de bulletins de vote lors des élections présidentielles, 18% des jeunes. Derrière ces chiffres, une même réalité.
Le FN a séduit en usant des peurs du chômage, de l’insécurité sociale, de cet employé qui se bat pour que sa situation ne se dégrade pas. De l’incertitude de ces jeunes de la Somme ou de Moselle qui peinent à trouver un emploi tant ils sont éloignés des services publics et de la réussite scolaire. Des doutes de ces ouvriers des anciens bassins miniers dans la capacité du politique à les protéger.
Protection sociale, laïcité, République, protectionnisme européen face à une mondialisation destructrice, de toutes parts il nous est affirmé que le FN aurait changé, qu’il ne serait plus le même, qu’il serait une alternative aux partis politiques traditionnels. Mais comment y croire ?
Il faut dire que le discours s’est embelli d’un nouveau verni social. A l’entendre, il semblerait presque être de gauche. Il se dit féministe, mais l’arrêt de la gratuité de la contraception ne figure-t-il pas dans son programme ? Il se prétend ouvriériste, mais quel discours tenait-il alors que la gauche descendait dans la rue pour défendre les retraites face à la droite en place ? Il ne se dit plus libéral, mais à qui voudrait-il faire croire que sortir de l’euro ne renchérirait pas le prix de l’essence, pourtant nécessaire à des millions de Français pour se rendre à leur travail chaque jour ?
Derrière cette stratégie de construction d’une image respectable, le fond reste bien le même qu’il y a quelques années, quand M. Le Pen père désignait l’immigré comme son ennemi, l’assisté comme sa plaie, le musulman comme son symbole de tous les maux, refusant les bénéfices de la « préférence » nationale à ceux qu’il désigne comme « autres ».
« Racisme culturel », xénophobie, repli identitaire, sous le discours, le cœur du programme n’a pas changé.
Qui sont les acteurs de cette mascarade ? Les médias en partie, en banalisant l’invité politique qu’il est désormais. L’UMP plus sûrement, en faisant de certains mots, de certaines idées, des thématiques républicaines.
Comme si la société française et ses débats s’étaient imprégnés du discours politique apporté par 10 ans de droite au pouvoir, 10 ans de discours xénophobe au sommet de l’Etat. Comme si notre génération ne sortait pas indemne des « moutons dans la baignoire », des « musulmans d’apparence », des « pains au chocolats » qui stigmatisent quelques uns, pour mieux diviser.
A nous de former un rempart, de reconstruire les digues qui ont été détruites, sans nous résigner à considérer l’extrême droite comme un acteur républicain.
Nous montrerons ses dérives, dévoilerons son programme, décrirons son vrai visage.
Poursuivons la reconquête des employés, des travailleurs, des précaires en convainquant les électeurs : la cohérence d’un projet socialiste qui améliore au quotidien la vie de tous. Nous sommes présents pour porter une Europe des peuples contre une Union de la finance. Pour engager la réindustrialisation dans les filières de la transition énergétique quand eux préfèrent prôner une image rêvée de la France rurale des années 1950. Pour défendre des services publics qui sont le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Soyons fiers quand, dans un même élan, des professeurs et des policiers sont embauchés en France pour éradiquer toutes les formes d’inégalités. C’est ainsi que nous lutterons contre toutes les discriminations, tout en augmentant le SMIC et en interdisant les licenciements boursiers. C’est ainsi qu’il faudra continuer à porter une République irréprochable qui défendra le non-cumul des mandats, luttera contre les conflits d’intérêts et imposera l’inéligibilité pour 10 ans aux élus corrompus. Voilà comment, parce que chaque mesure compte, nous parlerons aux Français et répondrons à leurs peurs quotidiennes.
Alors, nous irons rencontrer ces jeunes qui préfèrent raser les murs de leur lycée plutôt que d’avouer qu’ils sont socialistes. Nous donnerons les arguments pour que chacun d’eux, à Hénin- Beaumont, Carpentras ou Nîmes, puisse répondre à tous ceux qui seraient tentés par l’extrême droite.
Si nous ne faisons pas la une des journaux, notre rôle est pourtant de rendre les idées républicaines largement majoritaires dans notre société. Nous n’avons d’armes que nos idées et notre force de conviction.
Il nous faudra parcourir toute la France et travailler avec l’ensemble des forces du progrès, avec nos camarades Européens, alors même que le péril monte déjà sur certaines villes de France. Il n’est de barrières que celles que nous forgeons. Ouvrons notre militantisme à la créativité de chaque territoire. Voilà notre responsabilité et elle est immense.