Une liste des risques liés aux centrales nucléaires montre l’existence de risques plus nombreux que ceux traditionnellement connus.
Alors qu’elle reçoit une liste détaillée d’un grand nombre de risques que pourraient courir les centrales nucléaires françaises quant à des évènements dits précurseurs, Sylvia Kotting-Uhl, députée allemande, choisit de rendre la liste publique.
C’est l’ASN, Autorité de Sûreté du Nucléaire qui transmet premièrement cette liste à la députée, avant que cette dernière décide de la passer aux médias. Les chiffres fortement alarmants qui retracent l’activité nucléaire française font peur à plus d’un observateur.
Des chiffres qui font peur
Durant la période allant de 2003 à 2014, les centrales nucléaires françaises ont couru de grands risques. Il faut rappeler que le principal danger que pourrait avoir une centrale est la perte de refroidissement de son cœur. Le cœur d’une centrale nucléaire est constitué de cuves de plusieurs combustibles à uranium. En cas de surchauffe, les résultats entraineront des catastrophes sans précédent, dont le dernier souvenir marquant remonte en 2011 à Fukushima.
C’est sans doute ce souvenir que la liste publiée par la députée a ramené dans les mémoires. Cette liste indique dès lors toutes les causes possibles d’incidents de ce genre. La liste de l’ASN en énonce 158. Leurs natures sont diverses et les origines possibles sont variées. Qu’il s’agisse de l’indisponibilité d’une des pompes, de la présence d’un objet dans la tuyauterie, d’un simple dysfonctionnement de disjoncteur ou d’un problème d’étanchéité des vannes, les risques ne sont pas si impossibles.
C’est d’ailleurs ce que révèle l’ASN quand elle indique qu’entre 2003 et 2014, plus d’une trentaine de centrales nucléaires françaises ont connu une dizaine de ces anomalies. Certaines en ont subi 16, rien que durant cette période. Le fait que la publication de ces risques n’ait pas été plus prompte fait poser quelques questions au physicien Bernard Laponche. « Plusieurs évènements précurseurs seront décelés à l’avenir », craint-il.
Un risque à relativiser
Les inquiétudes du physicien se comprennent, car l’absence de publication de la liste a permis à ses différentes centrales de rester en activité en France. Pourtant, en 2012, face aux mêmes risques nucléaires, l’Allemagne avait ordonné assez promptement la fermeture de huit de ses réacteurs. La chancelière allemande Angela Merkel a aussi prévu une sortie du nucléaire dès 2022.
La société d’électricité de France EDF se défend tout de même face au risque de panique. Elle rappelle d’une part que si les chiffres semblent alarmants, il faut garder en tête que les rapports triennaux montrent que les risques sont en baisse. De 53 évènements relevés entre 2003 et 2005, nous sommes parvenus à 38 entre 2012 et 2014. Même si le chiffre est toujours grand, il n’en reste pas moins en constante baisse.
D’un autre côté, EDF rappelle que la non-publication du rapport de l’autorité de sûreté du nucléaire est due au fait que les risques n’entrainent pas obligatoirement des incidents. La publication ne se faisant pas de manière systématique, il faut comprendre que la limitation de la publication a pour but de faciliter l’information du public.
Quoi qu’il en soit, la publication actuelle de la liste va dans la logique actuelle du gouvernement, quant à son projet de fermeture de certaines centrales et de réduction de leurs parts nucléaires dans le cadre de sa PPE (programmation pluriannuelle énergétique). Il faut espérer que les centrales de la liste seront prioritairement ciblées.